EXPO ARTISTES A PROPOS
Exposition Thomas SCHORI du 7 juillet 2021 au 30 juillet 2021

"Texte écrit à l’occasion de l’exposition à la galerie d'art contemporain Bertrand Hassoun, Besançon"

Anastasia, terre cuite naked Raku 1000°, hauteur 50cm


La terre glaise que j’utilise -une matière vivante, des fois capricieuse, fragile surtout à la cuisson-, se transforme dans mes mains en corps humains, plus rarement en formes d’animaux. Ces statuettes que je modèle depuis bientôt vingt ans le sont aussi : capricieuses, vulnérables, moqueuses par moments. Ce monde de mon travail : est-ce qu’il s’agit d’une danse macabre ? Que signifient les gestes des bras et les mines des visages de ces petites créatures ? Pour moi elles expriment quelque chose de mystérieusement sacré, une douleur très ancienne, une sagesse aussi. Peut-être des petites sorcières qui se sont enfuies du feu ? Dans les années 1970 – 1980 je construisais des petits temples en terre cuite rouge, architectures qui m’étaient apparus dans mes rêves. Ils avaient une ressemblance étonnante avec des monuments sacrés en Egypte du temps des Pharaons ! J’appelais ces sculptures “sanctuaires”, elles étaient habitées d’une sorte de momies en porcelaine. Aujourd’hui mes porcelaines en forme de momies je les présente couchées dans des barques en grès émaillé. « Les Égyptiens de l’Antiquité ont imaginé qu’en s’associant au dieu solaire lors de sa course perpétuelle à bord des barques sacrés, leurs âmes vivraient éternellement. C’est ainsi que le culte funéraire est fortement marqué par ce mythe solaire. Par exemple, on construisait de préférences les tombeaux sur la rive occidentale du Nil (où « meurt » le soleil) et lors de l’enterrement on faisait traverser le fleuve au défunt sur des barques semblables à celle du dieu solaire. Sous l’Ancien Empire, le roi est le seul à ressusciter sous la forme d’une divinité. Il a également le pouvoir de se joindre au dieu Rê dans sa barque. La barque solaire devait transporter le corps du souverain dans l’au-delà pour une vie éternelle.” Après avoir travaillé pendant huit ans entant qu’art-thérapeute dans “l’atelier terre” d’une clinique psychiatrique, je constate que mon travail artistique s’inspire aussi de cette expérience marquante, de ces récits douloureux, de cette énergie parfois troublante des patient(e)s. On retrouve dans mes figurines modelées en Grès et en Porcelaine cette vulnérabilité, cette fragilité, l’expression forte et parfois théâtrale de ces personnages que j’avais accompagnés... - Mais toutes ces caractéristiques, à mon avis, n’ont pas vraiment besoin d’être interprétées par des mots ou des théories. Finalement il me reste à dire que chaque figurine reçoit son nom, baptême que je fais au moment que les yeux modelés apparaissent et me regardent. Par exemple avec “Olga” je savais à l’avance qu’elle représenterait une esclave torturée et mutilée, tandis que son nom très allemand me venait seulement à partir que ses yeux d’insecte me regardaient...