EXPOS ARTISTES A PROPOS

Stephane Fromm

Expositions :
> 13/01/2022-12/02/2022
> 9/02/2023-18/03/2023

Stéphane Fromm est né en 1966, après des études de philosophie, il se consacre à la peinture. De nombreuses galeries ouvriront leur porte pour acceuillir ses productions artistiques. Stéphane réalise un travail sur la trace, la mémoire, comme s'il etait en perpetuel recherche de l'identié de ses ancêtres. L'artiste vit et travaille à Paris.
English -> Stéphane FROMM was born in 1966, after philosophy studies, he devotes himself to painting. Many galleries then opened their doors to welcome his artistical productions. Stéphane performs a work on footprints and memory, as if he was on a constant research of his ancestors' identity. He lives and works in Paris.


Pour savoir si une oeuvre est disponible ou obtenir des renseignements, veuillez nous contacter par mail : gallery@bertrand-hassoun.com
English -> If you are interesting in a painting, you can contact us via this email : gallery@bertrand-hassoun.com

Exposition
09/02/2023 au 18/03/2023
"Attente", Encre et huile sur papier, 64x50cm
"Allongé" encres et huile sur papier, 12x25 cm
"Attente", Encre et huile sur toile, 100x73cm
"Attente", Encre et huile sur papier, 50x40cm
"Souche" encres et huile sur toile, 100x81cm
"Sans titre", Encre et huile sur papier, 100x73cm
Exposition
13/01/2022 au 12/02/2022
"Rapports 1", Encre et huile sur toile, 130x197cm
"Rapports 1", Encre et huile sur toile, 130x97cm
"Attente" encres et huile sur papier contrecollé sur alu, 68x59cm
"Attente" encres sur papier contrecollé alu, 63x45cm
"Déplacement" encres et huile sur papier, 56x53cm
"Sans titre" encres et huile sur toile, 80x80cm
"Rapports 1", Encre et huile sur toile, 80x80cm
"Vanité", encre sur papier, 24x30cm
"Die ungebornen Enkel" encres sur papier, 70x70cm
"Sans titre" encres et huile sur papier, 64x50cm
"Déplacement" encres et huile sur papier, 38x34cm
"Sans titre" encres et huile sur toile, 60x60cm
D’abord ces ténèbres relevant je suppose d’un sombre cadastre… Cette solennité sépulcrale incisée de stigmates. Ces plaies, ces cicatrices, ces simulacres dévorant la tristesse d’un éther tombal. Atomes, particules élémentaires ou membranes cellulaires… je ne sais ? La possibilité d’un tableau noir où irradierait d’une couleur blanche spectrale la fonction transitoire des corps. Un « mouvoir » comme l’écrivait René Char, un temps l’ami de Paul Celan qui semble beaucoup compter pour Stéphane Fromm. Je regarde, attends de voir. Je cherche. Je fouille dans la moelle épinière d’une œuvre que je découvre à l’instant, errant d’une image à l’autre et sautant sur mes conclusions hâtives car le temps me manque. Ce temps si précieux d’un silence précurseur à tout dispositif de la conscience et de l’intuition. Ce silence en soi à recoudre dans le tumulte qui nous crible, et pour qu’advienne lentement l’explosion. Mais très vite, dans ce noir-là, sidéral, je les aperçois qui dérivent. Des escadrilles de vie phosphorescentes. Des lignes de flottaison ciller en remontant les abysses. Ces fils de vie incandescents, suraigus, et qui corrodent un gaz épais comme on soufflerait sur les restes d’un lac de cendres. Je les vois. Ces voyageurs célestes qui s’ébranlent ; s’élèvent dans l’infini des vagues du firmament. Un cortège de forces vives où murmurent d’innombrables invécus. Découvrant le travail du peintre quelques jours seulement après une visite de la rétrospective « Baselitz » à Paris, je fis instantanément le rapprochement : « L’attente »… Cette œuvre de Stéphane Fromm dont je ne voyais alors que la reproduction dans un catalogue d’exposition m’inspira d’emblée cette sorte d’association d’idées… Et voyez en substance comment le contexte et les événements quelquefois peuvent établir de bien étranges liens entre différentes rives du monde éloignées d’un océan entier. Le plaisir du regardeur vient quelquefois de là. D’une somme de combinaisons singulières et autonomes qui nous parviennent à l’esprit pour assujettir une ébauche ou quelques prémisses à notre désir factuel. La figure de style, allez : le truc de la synecdoque ou de la métonymie pour jouer au dessus de la mêlée, pour essayer de décortiquer le monde en le tirant par le haut à partir d’une belle figure de rhétorique. En ce cas précis : la mise en parallèle d’une œuvre de Stéphane Fromm figurant sobrement une silhouette masculine dans ses plus simples atours, avec ce monument de la peinture contemporaine peint par Georg Basselitz au début des années soixante. Cette « Grande nuit foutue » qui avait fait scandale à Berlin en dévoilant une anatomie virile spectaculairement agrandie dans les mains d’un jeune garçon qui n’en demandait sûrement pas tant. Je parle bien sûr de la notoriété de l’œuvre, vous l’aurez compris. Témoignant ici d’une mécanique de l’esprit butinant les champs d’aubaines à sa guise en sachant que Stéphane Fromm est formé aux sciences de la logique et à la philosophie. Deux belles cordes à son arc maintenant que l’étudiant a trouvé le matériel de tir adéquat pour toucher le cœur et l’âme d’un public amateur de chefs-d’œuvre picturaux. Aussi je parle, je parle, mais alors que je ne le connais pas. Non, ni l’homme, ni son parcours, ni ce que l’on dit de lui en général, de son travail, rien ! Je découvre c’est tout. Avec mon œil de cinéphile pour commencer. Mon œil préféré. Oui, car tiens, prenez ces lignes tracées, déposées, griffées à l’encre blanche par exemple… Ces traces si expressives ; ces rayures, ces sillages, ces traînées, je ne saurais comment dire exactement ?… attestant sur le tableau de la présence d’un vrai sujet comme le simple dessin d’une marelle figure le monde, le monde réel dans la tête d’un enfant. Ou comme un aviateur épuisé aurait fini par dessiner une caisse dans laquelle il nous faudrait croire qu’elle puisse contenir le mouton d’un « Petit prince », un vrai mouton. Un truc de prestidigitateur hégélien dont s’est servi le cinéaste Lars Von Trier pour faire des économies de décor dans cette fable sans pitié qu’est « Dogville ». Cette cathédrale de l’art cinématographique contemporain dévouée à la déconstruction du mal, du mal banal, du mal absolu. L’artiste plutôt « nietzschéen » (ne confondons pas tout !) qui avait voulu tirer cette ficelle formelle jusqu’au bout, figurant le décor de son film à la craie blanche sur un plateau noir et filmant ses acteurs d’une façon dont je vous parlais à l’instant sautant d’une case à l’autre dans la matière d’un monde entièrement conjecturé. Un décor tout de même… mais en allant à sa stricte idée d’un décor plutôt que le décor lui-même. La trace tangible d’un monde ou son épure réduite à la limite de l’exercice. Un monde condensé à la seule matière d’une signalétique pour essayer de s’en faire une idée à partir de ses propres représentations des choses. Un monde, mais en pensée seulement. Un monde de pure pensée. De quoi nous retrouver projetés assez vite contre les parois d’une Caverne qui décidemment n’est pas encore prête de refermer ses portes à son public ravi. Mais je m’éloigne n’est-ce pas ?, « déborde loin de mon sujet » insistez-vous depuis que ma plume dépasse largement cette ligne de démarcation censée limiter le cadre de notre discussion. Un peu de sérieux, je sais, oui, excusez-moi, je ne suis pas un spécialiste. Cette question du trait, de la ligne, de la trace, de l’incise ou du stigmate hante les siècles qui ont succédé à Lascaux, à Chauvet ou à de plus anciennes constructions d’esprit encore, façonnées dans l’histoire humaine. Cette réduction au minimum de consistance matérielle d’un objet, jusqu’à le faire disparaître presque entièrement dans la seule idée qu’on pourrait se faire de lui. La définition presque de l’art en somme, celle de l’écriture et du dessin. Exactement ce qu’il se passe avec un tableau de Stéphane Fromm, mais comme si l’artiste en avait pris l’étonnant parti d’en disséquer le processus pour rendre celui-ci visible à nos yeux. Que vous regardiez ses « Souches », ses « Vanités » ou ses « enfants à naître », ces « enfants pas encore nés » (Die ungebornen enkel). Rien n’est là, ou si peu… mais tout est là en somme. Comme quelque chose qui vient mais qui n’est pas encore exactement là. Ou quelque chose de déjà venu et qui en a laissé sa trace. Ou quelque chose encore entre les deux ? On ne sait pas. Comme il serait difficile de définir dans toute sa profondeur et son ampleur, la vie, notre présence humaine ou notre absence au-delà de notre logos habituel ; au-delà des mots faciles, des mots accoutumés. Tout le travail de Stéphane Froom semble consister à cerner cette densité aléatoire, diffuse d’une présence, je veux dire d’une mise au monde ou bien d’un départ, ou encore d’un état intermédiaire un peu flou entre ses deux rives. Quelque chose que l’on nous aurait volé du corps entier pour le remplacer par des mots vagues, des mots creux. L’exercice est flamboyant, qui nous place devant cet étrange état subsidiaire de la vie elle-même par le jeu poétique d’une simple trace creusée sur nos âmes. Cette question de notre subjectivité, celle de l’apparence « qui nous somme… ». Celle-ci « n’est pas rien » dit Jankélévitch. « Ce qui n’est pas ne paraît pas. Pas d’apparence sans essence » dit le philosophe du « Je-ne-sais-quoi et du presque-rien… Oui, presque rien ! Du papier et une boîte de peinture (« paint-box ») pour parler du silence et du poids de nos corps transitoires. Juste ce qu’il faut pour se poser la question de notre réalité tremblante sous quelques cimaises habitées pour l’occasion d’une beauté et d’une grâce unique. À partir de quoi et jusqu’où existons-nous, jusqu’à quel degré de perception, et jusqu’à quel état du corps en décomposition ?... L’artiste va jusqu’au bout. La nature du temps, celle du mouvement… L’attirance physique, les réactions en chaîne… L’amour donc ! Derrière ces grandes questions essentielles, Ce grand peintre-là nous parle d’amour je crois. Sommes-nous vivants ? Sont-ils morts ? Où en sommes-nous de notre présence ici, maintenant, et de notre vie amoureuse dans l’infini des temps ?