Galerie Bertrand Hassoun, art contemporain - clara cavignaux
Clara CAVIGNAUX
> 05/09/2024-12/10/2024
> 05/07/2018-28/07/2018
Exposition solo / Solo exhibition
2024, Galerie Bertrand Hassoun, Besançon, France.
2024, Musée des Beaux art de la province de l’Anhui, Heifei, Chine.
2018, Galerie Bertrand Hassoun, Besançon, France
2017, Galerie SITA, Bistrita, Roumanie.
2015, Galerie Suiss Art Space, Lausanne, Suisse.
2012, Musée d'art fantastique de Bruxelles, Belgique.
2010, Galerie Ame, Bruxelles, Belgique.
Née en France en 1982, Clara Cavignaux travaille essentiellement au pastel sec, matériau à la base fragile et éphémère, figé à l’aide de plusieurs vernis, la technique permettant de s’affranchir du mode de présentation classique du pastel. Le travail représente des scènes de vie, des instants volés, parmi ses proches ou des inconnus, révélant un état d'âme, une disposition d'esprit à un moment bien particulier de leur vie. Clara expose en France, mais aussi à l'internationale : Belgique, suisse, roumanie, chine.

English -> Born in France in 1982, Clara Cavignaux primarily works with soft pastels, a medium that is inherently fragile and ephemeral, but made permanent through the use of multiple varnishes. This technique allows her to break away from the traditional presentation style of pastels. Her work depicts scenes of life, captured moments among her close ones or strangers, revealing a state of mind or a particular disposition at a specific moment in their lives. Clara exhibits her work in France, as well as internationally, including in Belgium, Switzerland, Romania, and China. .


Pour savoir si une oeuvre est disponible ou obtenir des renseignements, veuillez nous contacter par mail : gallery@bertrand-hassoun.com
English -> If you are interesting in a painting, you can contact us via this email : gallery@bertrand-hassoun.com

Exposition / exhibition
05/09/2024 au 12/10/2024

Presse -> reportage EST REPUBLICAIN

Sans titre, pastel sur medium, 40x80cm
Sans titre, pastel sur medium, 80x60cm
Sans titre, pastel sur medium, 40x80cm
Sans titre, pastel sur medium, 40x80cm
Sans titre, pastel sur medium, 60x80cm
Sans titre, pastel sur medium, 80x60cm
Sans titre, pastel sur medium, 80x60cm
Sans titre, pastel sur medium, 60x103cm
Sans titre, pastel sur medium, 60x103cm
Sans titre, pastel sur medium, 40x103cm




Caractériser le travail de création de Clara CAVIGNAUX exige de distinguer les quatre réalités inséparables constitutives de la chair plastique de ses œuvres, et qui, toutes les quatre, échappent aux classifications traditionnelles : le double sens, le sujet, le genre, la forme. Par le double sens s’effectue le partage d’une expérience sensible d’ordre existentiel Chaque tableau a un sens intime particulier, préservé du public, et un autre sens large mais cadré, ouvert à l’interprétation du visiteur, qui se nourrit secrètement de ce sens intime. Faire un tableau, pour Clara CAVIGNAUX, ce n’est pas chercher à représenter le monde, des personnes, des caractères, des milieux, mais faire le point subjectif sur une rencontre, un moment ou un drame de sa vie privée. Ici, rien de la complaisance narcissique ni de l’étalage indécent : il peut s’agir d’une mise à jour, d’un exorcisme nécessaire, d’une réflexion la concernant, toujours au moyen d’une image circonstanciée des amis, des connaissances réelles, ou même parfois d’étrangers convoqués pour leur retentissement dans sa vie et leur place dans la configuration significative du tableau. Mais le tableau, sans titre ni commentaire, reste muet sur le fait de vie qui lui a donné naissance ; il ne se présente pas non plus comme une devinette ou une énigme. Sa force est celle d’un témoignage personnel dont l’intimité demeure voilée, soustraite. Il s’ensuit que l’exposition des tableaux de Clara CAVIGNAUX ne vise pas à communiquer un point de vue, un regard sur les choses ou sur les gens, mais à proposer au visiteur de partager une expérience sensible. Cette expérience sensible, on ne peut mieux, semble-t-il, la qualifier que par une expression qu’il faut débarrasser de son habituelle grandiloquence. C’est une expérience sensible d’ordre existentiel. Car il n’est question pour l’artiste ni de psychologie ni de philosophie mais de ce qui, pour quelqu’un, émane des êtres, de leur rencontre ou de leur confrontation, c’est-à-dire de rapports.
Le sujet du tableau : non un portrait classique de personne mais une situation
Les tableaux représentent presque toujours des personnes en situation - bien qu’elles soient très rarement en activité physique - c’est-à-dire une situation entre des personnes ou concernant une personne : il se passe quelque chose d’essentiel mais d’invisible dont les signes sont explicites. Aussi, pour prendre un exemple extrême, serait-il même erroné de parler de « simple portrait » d’une femme à propos d’un tableau exposé qui nous suggère sur le bord à droite une situation de face à face avec une personne de dos en légère amorce, situation essentielle pour la créatrice et à laquelle le visiteur peut s’identifier. Chaque tableau joue ainsi dialectiquement, d’une part, de l’état manifeste dans lequel se trouvent les personnes et, d’autre part, des relations dynamiques, de l’action que constituent leurs rapports (rapports entre elles ou à l’entourage) telles qu’elles sont à établir pour pénétrer le tableau. Un exemple ? Considérons les quatre pastels qui montrent un père ou une mère avec leur enfant en bas âge. Ce sont moins des portraits qu’une invitation à ressentir la variété de façons de vivre la maternité ou la paternité et des interrogations qui leur sont liées , cela par les situations diverses dessinées entre chaque adulte et l’enfant : l’adulte, traversé par des affects puissants, caractérisé aussi par une posture significative et par sa manière de tenir le petit ; l’enfant, tantôt jeune être éveillé débordant de vie, tantôt bébé au drapé angélique merveilleux ou comme vieilli prématurément, presque momifié ou totémisé. Tout compte dans ce tissage entre les signes pour ouvrir un espace d’interprétation sensible : le jeu des contrastes entre les regards, les expressions, les chevelures et les couleurs de peau, mais aussi les cadrages, les dominantes colorées – dans des teintes atténuées – ainsi que les camaïeux.
Allons au-delà des deux apparences : le genre réaliste et la forme de la surimpression
Au premier regard, la forme donnée aux tableaux peut laisser croire qu’ils sont réalistes avec des effets de superposition et de filigrane. Selon les tableaux, le travail sur les genres et la prétendue « surimpression » peut devenir très complexe. D’abord, le fantastique peut s’inviter de différentes sortes dans ces configurations issues du réel (Clara CAVIGNAUX travaille à partir de clichés photographiques, d’une sélection d’instantanés). Mais une de ses deux formes privilégiées d’apparition se fait toujours par bascule du réalisme dans le tableau, soit manifestement, soit par subtil dérèglement. Parfois, au fil de l’itinéraire du regard qui passe de personne en personne jusqu’à un personnage qui tranche par sa forte présence et son inquiétante étrangeté. Quelquefois, c’est un élément du corps dont une partie vire au fantastique : ainsi la tête d’un bébé dont le crâne paraît de morceaux de pierre. D’autres fois encore, le visiteur éprouve de curieuses impressions devant une représentation apparemment réaliste, des sensations difficiles à exprimer, et dont seul un examen minutieux de détails révèlera l’origine voulue par l’artiste. Si nous regardons une des « Maternités » (titre que je donne par commodité), il nous semble que le bébé ne repose pas vraiment dans la courbe du bras droit de la mère – c’est un peu comme s’il flottait en l’air – à l’opposé de l’étreinte affectueuse d’une autre mère dont on perçoit l’indianité. A l’esprit de certains visiteurs viendrait même peut-être l’expression : « l’enfant lui reste sur les bras ». D’autre part, l’avant-bras droit de cette mère présente une main, de taille importante à l’image comme la main gauche, mais qui, contrairement à celle-ci, paraît séparée du poignet qui semble être celui d’un mannequin, par opposition à l’effet de manche produit par le tissu sur l’avant-bras gauche. La deuxième forme d’intervention du fantastique se réalise dans ce qui apparaît a priori comme des surimpressions. Prenons un exemple, celui du tableau que je nommerai « Paternité ». À première vue, à la représentation du père et de son enfant sont superposées les lignes d’une armoire métallique à portes à fentes. Mais, à hauteur du sommet de la tête du père, ce qui apparaît ailleurs comme la superposition d’une armoire pour constituer significativement l’image se révèle ici comme un revêtement qui s’écaille, et, de plus, qui fait changer le statut du visage du père (ou le dédouble d’une façon fantastique). Au statut de prétendue « réalité » succède ou s’ajoute celui de simple « image », du type affiche, dont les lambeaux plus ou moins arrachés découvrent le mur brun qui la porte. Il y aurait beaucoup à dire sur la richesse de l’ambiguïté des formes dans les tableaux de Clara CAVIGNAUX. Ainsi des effets de voile dont on ne peut dire s’ils sont de tissu qui serait parfois coupé en longueur, de matière éventuellement lacérée, ou de pure lumière, car certains tableaux vivent de cette variation. Ce qui est sûr, c’est que l’espace traditionnel réaliste du modèle sur fond de décor homogène est anéanti, avec ses prétendus plans distincts en profondeur. Chaque tableau de Clara CAVIGNAUX vibre de ses figures humaines en situation saisies dans un miroitement de signes lisibles ou indéchiffrables, de filigranes plus ou moins prégnants, d’oscillations de pans de lumière et de décor.
B. BOUTEILLE